Faisait partie du diocèse et de la viguerie de Digne, aujourd’hui dans le canton de La Javie. La commune actuelle, de plus de 16500 hectares, est le résultat de la fusion de plusieurs communautés et communes. La cummune de Mariaud est rattachée à Prads en 1973. Puis c’est au tour de la commune de Blégiers en 1977, mais elle avait auparavant intégré les communautés de Chanolles, Chavailles et Champourcin au XVe siècle.
BLEGIERS
Cette vaste commune de 6817 hectares est située en milieu montagneux, traversée par la Bléone près de laquelle s’est installé le village actuel. Il est muni d’une église dédiée à Notre Dame que l’abbé Féraud décrit ainsi : l’église paroissiale de Blégiers est de construction récente. Ce n’était d’abord qu’une petite chapelle que l’on a agrandie à différentes reprises, et dont la dernière ne date que de quatorze ans. Il y en a une autre qui paraît fort ancienne ; elle est bâtie sur une hauteur, et l’on trouve, dans ses environs, beaucoup de décombres qui portent à croire que le village y était aussi construit dans le principe (p. 89).
358. La Roche-de-Blégiers
En effet, durant l’Antiquité et le Moyen Age le premier village était installé à la Roche-de-Blégiers, colline dominant le village au nord. Ce toponyme est cité par Emile Isnard qui reconnaît qu’en 1476 le chapitre de Digne cède son domaine de la Roche-de-Blégiers à l’évêque 1. Le chapitre est déjà mentionné en 1180 lors de la confirmation de ses biens à Blégiers par le pape Alexandre III (Isnard, p. 136). L’église est citée en 1351 et 1376 avec un cappellanus de Bligeriis (Pouillés, p. 256 et 259). On ne sait à quelle époque le village perché va descendre dans la vallée, sans doute à partir du XVIe siècle, mais l’église paroissiale continue sa fonction bien qu’une chapelle de secours dédiée à sainte Barbe évite aux paroissiens la rude montée. C’est ce qui apparaît lors de la visite de Mgr Le Tellier le 23 mai 1683 : Eglise paroissiale esloignée dudit village, sous le titre de Notre Dame de Bojeu. Maître autel avec un tableau représentant la naissance de Jésus-Christ avec son cadre peint et doré aux extrémités. Une image ou statue de la sainte Vierge dans une niche de bois blanc peint. Un confessionnal bois blanc. Nous sommes descendus à la maison claustrale au dessous de laquelle nous avons trouvé une chapelle sous le titre de sainte Barbe dans laquelle le service se fait le plus souvent pour la plus grande commodité des habitans attandu l’éloignement et les mauvais chemins qu’il y a pour aller à la paroisse. Il y a un autel avec un tableau représentant saint Barbe (1 G 5).
L’abandon complet de l’église paroissiale se fera au milieu du XIXe siècle. La chapelle Sainte-Barbe va devenir la sacristie de la nouvelle église que R. Collier date de 1830. Le coutumier de la paroisse relate que la nouvelle église de Blégiers a été solennellement bénie le 8 décembre 1844. Il ajoute que le jour de saint Marc le pasteur dit la messe grand matin. Avant la messe, il y a la procession qui monte à Notre Dame. En y arrivant, on entre au cimetière où l’on fait l’absoute. Ensuite la procession fait le tour de l’église et redescend pour assister au saint sacrifice 2. Seul le cimetière continue encore sa fonction et de l’église il ne subiste plus que le mur de façade sur une partie de sa hauteur avec une porte dont l’encadrement est formé d’un arc plein cintre constitué de fins claveaux réguliers dont les queues sont appareillées, l’extrados épousant la forme de l’intrados. Dans le cimetière joignant, lors de travaux, ont été découvertes cinq sépultures alignées côte à côte et dont la partie haute du corps était recouverte de tegulae disposées en bâtière.
Le premier lieu de culte et l’habitat étaient donc perchés à l’adret ensoleillé de la montagne, dominant la vallée humide et froide. Il est en position idéale pour la surveillance et la protection. Les Romains y ont sans doute installé un poste de contrôle et peut-être même un habitat. Le lieu a été réinvesti au début des XIe-XIIe siècles pour y fonder un castrum avec son église paroissiale. Celle-ci, malgré l’abandon de la position, a continué sa fonction, puis une fois définitivement abandonnée, a fait l’objet d’une procession annuelle avec l’absoute pour les morts.
359. Chapelle Saint-Roch à Hyère
Hyère est un hameau, aujourd’hui inhabité, situé à 1500 mètres à vol d’oiseau au NE de Blégiers, à 1200 mètres d’altitude. Une chapelle succursale le desservait. Elle est signalée comme chapelle rurale en 1860 et 1871 lors des visites pastorales ; elle est en bon état mais humide. On possède peu de renseignements sur cette chapelle encore signalée sur les cartes modernes. On sait seulement qu’elle a été restaurée en juin 1982 et que le dimanche 17 juillet 1983, à 15 h 30, à Heyres, a eu lieu la bénédiction de la Croix placée sur le rocher au-dessus de la chapelle de Saint Roch 3.
CHAMPOURCIN
360. Notre-Dame de Beauvezer à la Grande Neuve
En 1180, le chapitre de Digne possède des biens à Champourcin (Isnard, p. 136) et une église est desservie par le cappellanus de Camporcino en 1351 et 1376 (Pouillés, p. 256 et 259). La communauté de Champourcin, composée de 40 habitants en 1315, est dépeuplée après l’épisode de la peste. Elle est alors rattachée à la commune de Blégiers et la paroisse à celle de La Javie. L’église est, selon Mgr Le Tellier lors de sa visite de 1683, au dela la rivière de Bleone, fondée sous le titre de Nostre Dame de Beauvezer. Serions allé au village pour y visiter une petite chapelle que les habitans ont fait bastir à leurs frais et dépans et qu’ils entretiennent. Cette église est en effet sur la rive gauche de la Bléone alors que le village se trouve sur l’autre rive et il n’existe aujourd’hui ni pont ni la moindre passerelle pour traverser la rivière, alors que le cadastre de 1825 en signale une. A côté de la première église s’étend un grand terrain plat, arrosable, favorable aux cultures vivrières, accompagné d’un bâtiment d’exploitation dit la Grange Neuve. Ces granges apparaissent au XIe siècle, fondées par des moines colonisateurs et défricheurs. Ce sont des bâtiments dépendant d’une seigneurie ou d’un monastère où l’on emmagasinait les récoltes et en même temps les produits de la dîme et de la taille. Il est probable que c’était là qu’étaient situés les biens du chapitre de Digne cités en 1180.
La nouvelle église du village citée par l’évêque est une simple cave voûtée au rez-de-chaussée d’une maison de village. Elle est encore en bon état aujourd’hui, munie d’un autel surmonté d’un tableau représentant la Vierge Marie entourée de saint André et de saint Christophe portant l’Enfant Jésus sur son dos. N’ayant pas de clocher ni de clocheton, une cloche datée de 1846 est suspendue à un arceau dans le jardin joignant. Elle porte le nom de saint Christophe, celui-ci étant le titulaire de l’église.
CHANOLLES
En 814, Saint-Victor possède une colonge et une bergerie à Cangnola faisant partie du domaine de la villa Caladius (CSV H 58 et 63). Le premier âge féodal pourrait être représenté par le toponyme la Motte livré par le cadastre napoléonien de 1825 en section D, mais il n’en reste aucune trace. Communauté à part entière, elle est rattachée après la grande peste à la commune de Blégiers. Le chapitre de Digne y possède quelques biens en 1180 et y perçoit encore la dîme en 1774 (Affouagement, C 25). Achard y dénombre 400 habitants dont l’agriculture fait toute l’occupation. L’église paroissiale dédiée à saint Jean-Baptiste est desservie par un cappellanus de Chanola ou de Cannola en 1351 et 1376 (Pouillés, p. 256 et 259). La visite pastorale du 16 novembre 1865 nous apprend que l’église est en reconstruction. Lors de la visite suivante, en 1871, l’église est construite à neuf, église en bon état, murs neufs, toit en bon état, vitraux. Et en 1884, on a bâti un clocher, mais dont la flèche est peu gracieuse. On apprend également qu’il n’existe pas de chapelle rurale.
CHAVAILLES
La communauté de Chavailles est située à l’est de celle de Chanolles et le village est perché à flanc de vallée à 1190 mètres dominant le torrent de la Chalonette. Il n’existe aucune donnée sur Chavailles au Moyen Age. On ne fait connaissance de l’église qu’en 1683 où elle n’est qu’une simple chapelle : au hameau de Chavailles, dépendant de la paroisse de Blégiers, chapelle sous le titre de Saint-Sauveur (1 G 5). Elle va devenir église succursale en janvier 1839 (1 V 12). Lors des visites pastorales du XIXe siècle, elle est sous le titre de saint Laurent et a été reconstruite en 1842, le clocher est en construction en 1865 (2 V 88).
361. Notre-Dame de Chavailles
Le cadastre de 1829 en section B 4 présente au hameau des Blancs un édifice portant le nom de Notre Dame de Chavailles. Lors de la visite pastorale du 20 octobre 1882 est signalée une chapelle rurale au hameau des Blancs en très mauvais état (2 V 93). Dans les souvenirs rédigés par Yvonne Jean née Garcin celle-ci cite le Père Rupert qui écrivait en 1900 que le village s’était déplacé au XIIIe siècle vers une source découverte à Chavailles… et que le premier habitat était aux Blancs 4. Elle ajoute que la chapelle du Rosaire a été construite à la fin du XIXe siècle et qu’une messe y était célébrée toutes les années en octobre jusqu’en 1940. Il doit s’agir d’une réparation car comme on l’a vu, la chapelle existait déjà. Il est probable que cette chapelle soit l’église paroissiale originelle avant le déplacement de l’habitat des Blancs à Chavailles.
MARIAUD
L’ancienne commune de Mariaud est située au NNE de Beaujeu sur les rives du Galabre et de l’Arigeol. D’une superficie de 2923 hectares, son implantation entre 1200 et 1500 mètres rend les conditions de vie difficiles, surtout en hiver. Il n’y a pas de village à proprement parler, mais quelques groupements de fermes comme celles de Saume Longue, Pré Fourcha et l’Adrech. Le maximum de population a été atteint en 1315 avec 250 habitants. Par la suite, la peste en décime 80% pour remonter à 195 habitants en 1765 et aboutir à 18 en 1962.
Un texte du 3 septembre 1488 nous apprend que Mariaud dépendait des Augustins de Saint-Ruf de Valence en même temps que Saint-Pierre des Auches et Sainte-Marie de Beaujeu. Le document en latin donne d’abord la liste des confirmations des privilèges accordés par les papes depuis Urbain II (1088-1099) jusqu’à Alexandre IV (1254-1261), puis vient la liste de tous les prieurés dépendant de l’abbaye (H 4). Quand François Le Tellier, évêque de Digne, vient visiter la paroisse le 20 mai 1683, il relate que l’église est sous le titre de saint Etienne et qu’elle dépend du prieuré de Beaujeu. Mariaud et Beaujeu sont intimement liés à cause de leur appartenance à la même abbaye de Saint-Ruf. C’est le prieur de Beaujeu qui perçoit la dîme comme affirmé lors de l’affouagement de 1698 et confirmé encore en 1775 (C 18 et 25). Aujourd’hui abandonné, le vieux village de Mariaud, dit Vière, conserve encore les restes de son église, mais on ne peut y parvenir qu’à pied depuis Saumelonge. R. Collier la date du XIIIe siècle (p. 141).
362. Les quatre chapelles rurales de Mariaud
Il existe quatre chapelles rurales en 1860 et 1865, dont deux en bon état (2 V 88). Mais elles ne sont pas nommées et il faut recourir au cadastre napoléonien de 1829 pour les situer précisément. Elles se dressent dans les quatre principaux hameaux, à Saume Longe, Pied Fourcha, Lemmerée et l’Adrech. Elles sont facilement identifiables car elles sont indiquées chapelle sur le plan cadastral. L’affouagement de 1775 fournit le nombre de chefs de famille ou maisons dans chacun de ces hameaux : 9 à l’hameau de Saume longe, 2 à celui de Laÿmerée, 3 à celuy de Préfourcha et 8 à celuy des Adrechs. La carte de Cassini les indique toutes également, à la Drech, Saumelonge, Pyfourcha et les Mérans. Il nous a été impossible de découvrir la titulature de ces chapelles.
PRADS
Le territoire de la commune est situé dans un milieu très montagneux et sa seule richesse consistait dans l’élevage des moutons, brebis et chèvres. Les troupeaux transhumants provenant d’Arles venaient pâturer dans les montagnes, 2000 têtes en 1775 et en 1837 on décomptait en tout 7000 têtes de bétail dont 100 bœufs 5. Le village de Prads est situé sur les bords de la Bléone à l’altitude de 1050 mètres. Durant le haut Moyen Age le territoire faisait partie de la villa Caladius dépendant de Saint-Victor et abritait une exploitation agricole à Prato. Au XIIe siècle Prads n’est pas cité parmi les biens du chapitre. Ce n’est que par l’affouagement de 1698 que l’on apprend que le sieur archidiacre du chapitre de Digne est prébandé audit lieu et qu’en 1775 la dîme appartient au chapitre de Digne.
L’église paroissiale est desservie par un cappellanus de Pratis en 1351 et 1376 (Pouillés, p. 256 et 258). L’abbé Féraud avance que l’église primitive était bâtie sur un rocher escarpé de 200 mètres d’élévation. L’église actuelle est bâtie dans le village et date du quatorzième siècle. Elle est desservie par un curé et dédiée à sainte Anne (p. 86). Il a dû recevoir cette information du curé de Prads, Paul Charpenel, qui a rédigé en 1843 un texte manuscrit intitulé Annales de la paroisse de Prads 6. Il commence ainsi son récit avec comme sous-titre Notice sur Saint-Marcel : sur le sommet de la petite colline qui se trouve au dessus du village de Prads, à une distance d’à peu près deux cent mètres, entre les deux ravins qui descendent l’un au milieu du village et l’autre à la Frache et appelé encore aujourd’hui St Marcel, était située, d’après une tradition universellement répandue et accréditée dans la paroisse, l’ancienne église paroissiale de Prads qui devait remonter à une époque très reculée. Ce qu’il y a de certain c’est qu’il y a eu sur cette colline un cimetière. Il termine sur cette église Saint-Marcel : à en juger par analogie, l’église et le cimetière de St Marcel devaient être dans le temps ce que sont aujourd’hui l’église et le cimetière de Notre Dame de Blégiers, la position des lieux est exactement la même. Seulement l’église de St Marcel étant sur un roc que le temps dévore pour ainsi dire à vue d’œil, n’a pas été d’aussi longue durée et les habitants de Prads ont été obligés de transporter ailleurs leur église et leur cimetière. Il ne fournit pas la date du transfert de l’église paroissiale Saint-Marcel dans une chapelle dédiée à la Sainte-Trinité élevée dans le village au commencement du treizième siècle. Il suggère que cela a été fait insensiblement jusqu’au moment de l’abandon total de l’église. A son époque, il ne restait plus rien de la ruine de l’église, les matériaux ayant été emportés par les habitants pour construire leurs maisons. Lors de la visite de l’évêque de Digne en 1683, celui-ci visite l’église Sainte-Anne et ignore Saint-Marcel.
L’étendue du territoire et l’éparpillement des hameaux dans un milieu montagneux difficile ont incités l’autorité ecclésiastique à créer des chapelles succursales pour les desservir. C’est ainsi qu’au XIXe siècle, sont recensées quatre chapelles rurales. Il faut y ajouter l’ancienne abbaye chalaisienne de Faillefeu.
363. L’abbaye de Faillefeu
Prads est surtout connu au Moyen Age par l’abbaye de Faillefeu. Tous les historiens sont d’accord pour reconnaître sa fondation avant 1176 par les moines chalaisiens de Boscodon. Cette date n’est en effet qu’une mention de son existence dans une bulle du pape Alexandre III 7. L’abbaye de Boscodon fut fondée en 1142. C’est peu d’années après qu’elle essaime d’abord à Prads en 1145, puis à Lure. L’abbaye de Prads fera de même vers 1200 en créant une abbaye à Valbonne dans les Alpes-Maritimes. Cinquante ans plus tard, mal gérée par un abbé, elle périclite et cherche à s’affilier à une autre abbaye. Elle passera en 1298 dans l’ordre de Cluny, puis en 1448 dans les mains du Collège Saint-Martial d’Avignon. Pillée lors des guerres de Religion, elle sera abandonnée, mais son domaine subsistera encore. C’est ce qu’on apprend lors de la visite de 1683 : tout le terroir dudit Faille Feu qui est d’une grande estandue appartient en toute juridiction à la manse collégiale de saint Marcial d’Avignon. C’est ce qui est encore confirmé par l’affouagement de 1698, le prioré et seignorie de Failhe feu laquelle libre et seignorie appartient au recteur du collège St Martial d’Avignon. Féraud ignore toutes ces données : on trouve, dans le territoire de Prads, les restes d’un couvent des Templiers, au pied de la belle forêt de Faille-Feu (p. 86).
Zodiaque relate qu’un sondage pratiqué en 1971 a confirmé l’existence d’une église à une seule nef, avec un chœur à chevet plat orienté à l’Est. Les différentes mesures pratiquées lors du sondage par rapport à la sacristie laissent présumer qu’il n’y avait pas de chapelle latérale sur le croisillon Sud. Du monastère, il ne reste que des éléments du moulin, les murs de la sacristie utilisée comme cave et d’innombrables pierres taillées ou sculptées éparses en réemploi dans trois bergeries. Cette description où il n’existe pas de chapelle latérale sur le croisillon sud, alors qu’il en existe une côté nord, est démentie par la description de l’évêque en 1683 : nous avons trouvé une voûte presque toute ruynée et deux chapelles aux deux costés en mesme estat, des fondemens d’un cloistre et cellules. Malgré son délabrement, le prieur ou son fermier fait dire une messe annuellement au mois d’aoust à ladite église à laquelle n’y a aucun ornement. La première phrase est capitale, car elle nous décrit le plan de l’église qui est d’ailleurs identique aux églises de l’ordre de Chalais : nef à chevet plat avec deux chapelles latérales. Le cloître devait être situé contre le mur sud de la nef si l’on se réfère au monastère de Valbonne. La sacristie et la salle capitulaire étaient accolées à la chapelle latérale sud 8. Il faut noter la présence d’un moulin.
364. Chapelle Notre-Dame à Tercier
L’affouagement de 1775 recense 17 maisons habitées au hameau de Tercier. Celui-ci est situé sur un plateau dominant à 1300 mètres d’altitude le Riou de l’Aune, en aval de Faillefeu et au SSE du village de Prads. Pour Mgr Le Tellier, en visite en 1683, ce sont les habitants qui ont fait construire une petite chapelle sous le titre de Notre Dame avec un autel et un tableau avec son cadre à platte peinture représentant la sainte Vierge. Elle est signalée par Cassini. Elle est mentionnée en 1872 comme étant en bon état avec un tableau, puis en 1893 où elle est en assez bon état, mais le toit est à refaire (2 V 88. 93. 94). L’abbé Charpenel est plus prolixe : c’est en 1829 sous MM Hellion Curé et Segond Antoine dit Toniou de Prads maire qu’a été reconstruite la chapelle de notre Dame à Tercier. Les travaux ont été exécutés par M. Natal de Colmars et par les habitants qui ont fourni les matériaux. La commune a payé 200 francs. La commune a encore payé 200 francs pour le cimetière de Tercier qui n’a été construit qu’en 1840. Elle est toujours en état.
365. Chapelle/Eglise de la Transfiguration ou de Saint-Sauveur à la Favière
Le hameau de la Favière est situé au NE du village de Prads, à 1170 mètres d’altitude, surplombant le Riou qui se jette dans la Bléone. Il abritait en 1775 36 maisons et autant de chefs de famille, soit quelques 180 personnes, alors que le village de Prads ne comptait que 32 maisons. C’était l’agglomération la plus importante de la commune. Comme pour Tercier, la chapelle a été construite par les habitants et l’évêque de Digne en 1683 constate qu’au hameau de La Favière, chapelle sous le titre de la Transfiguration avec un autel et un tableau à platte peinture représentant le couronnement de la sainte Vierge. Une cloche au clocher. 217 habitants dont 145 communiants. Elle devient ensuite une église succursale et est régulièrement citée lors des visites du XIXe siècle. Elle est accompagnée d’un cimetière et est équipée de fonts baptismaux comme son statut d’église paroissiale l’exige. En 1871, elle est déclarée neuve et en bon état et le presbytère est en construction. En 1884, le clocher muni de deux cloches est à achever. Il est déclaré élégant en 1893. L’abbé Charpenel complète ces informations : c’est en 1838 sous MM Reynaud curé à Prads et Segond maire qu’a été reconstruite l’église de St Sauveur à la Favière. Les travaux ont été exécutés par MM Roux du Brusquet et Nuri de Prads pour la somme de 1400 francs que la commune a payé. Cette église qui était au même endroit et sous le même vocable menaçait ruine et avait extrêmement besoin d’être reconstruite. Ce n’est que depuis cette époque qu’elle a acquis ses principaux meubles et ornements.
366. Chapelle Sainte-Madeleine des Eaux Chaudes
Le hameau des Eaux Chaudes est situé au NO du village de Prads, sur les bords de la Bléone, à 1180 mètres d’altitude. Aujourd’hui déserté, il comptait 5 maisons en 1775. La chapelle n’est pas citée par l’évêque de Digne en 1683, mais apparaît sur Cassini et dépend au XIXe siècle de la paroisse de la Favière où elle est citée en 1860 comme étant une chapelle rurale qui manque d’ornements. L’abbé Charpenel nous en apprend un peu plus : c’est en 1840 sous MM Reynaud Curé et Segong Louis de la Favière qu’a été reconstruite la chapelle de Ste Magdeleine des Eaux Chaudes. Les travaux ont été faits par MM Monge de la Javie et Corse du Brusquet pour le prix de 400 francs que la commune a payé. L’ancienne chapelle qui était située à côté de la maison de Pierre Garcin était humide et tout à fait hors d’usage.
367. Chapelle du Saint-Esprit à la Frache
Le hameau de la Frache est situé à 500 mètres au NO de Prads et la chapelle n’est citée par aucune source. Seul, l’abbé Charpenel en dit quelques mots : la chapelle du St Esprit située à la Frache, quoique en mauvais état, a servi à l’exercice du culte jusqu’à l’arrivée de M. Hellion dans la paroisse en 1826. On s’y rendait en procession de l’église les secondes fêtes de Noël, Pâques et Pentecôte pour y chanter la Ste Messe. Cette chapelle, déjà abandonnée à l’époque de M. Charpenel, pose question. Ce ne peut être une chapelle succursale, trop proche du village, ni une chapelle de Pénitents, elle aurait été alors signalée comme telle. Sommes-nous en présence d’un édifice pré castral, ayant précédé l’église perchée de Saint-Marcel ? Les processions que les paroissiens y effectuaient aux trois grandes fêtes de l’année liturgique influent dans ce sens.
Synthèse
Prads qui rassemble plusieurs anciennes communes et communautés est le symbole du dépeuplement des zones de montagnes. A comptabiliser les anciennes églises et chapelles desservant les hameaux, on peut apprécier la vie intense qui régnait jusqu’au XIXe siècle. Aujourd’hui, on ne décompte plus que 160 habitants sur les 16500 hectares du territoire, alors qu’il en existait plus de 1000 en 1315 et 1200 en 1851.
1 Isnard, p. 141 qui reconnaît ne pas savoir où situer le fief de la Roche-de-Blégiers.
2 Coutumier de la paroisse de Blégiers, XIXe siècle (Archives privées).
3 Registre de catholicité de la paroisse de Blégiers.
4 Un résumé du texte de Yvonne Jean est publié sur Internet, sur le site Chavailles, Les Blancs.
5 Affouagement de 1775 (ADAHP C 25) et Etat des sections du cadastre napoléonien de 1837 (3 P 431).
6 Archives privées.
7 Abbayes sœurs de l’Orde de Chalais, Zodiaque, 1980, p. 57. COLLIER R., p. 143. ATLAS, carte 77. Dans son commentaire sur les communes, ATLAS commet cependant une erreur : abbaye de ND de Faillefeu, abandonnée peu après sa fondation, unie à Valbonne, puis à Boscodon au XIIIe.
8 Voir le plan des abbayes chalaisiennes dans ZODIAQUE, Abbayes soeurs de l’Orde de Chalais, op. cité, p. 17 et 44-45.
Commentaires
l'Adrech: chapelle St jneweph
Lemmerée: chapelle st Barnabé
Saume Longe: chapelle Notre Dame de la Fleur.
pour Faillefeu, le collège St Martial dépendait de l'ordre de Cluny (voir mon livre''la Bléone et Faillefeu''
Merci pour toute précision à ce sujet.
L’église de Vière est en cours de restauration depuis 2011. Le chœur était voûté en arcs brisés ; il y avait trois baies au sud, et un très grand oculus à l’ouest, au-dessus du portail lui-aussi en ogive. Les murs de la nef n’ont vraisemblablement jamais porté de voûte : ils sont épais de 60 cm environ, et plus fins que ceux du chœur.
Fait rare : le centre symbolique de la commune est monté de Vière à Saume Longue : les panneaux indiquant Mariaud pointent vers Saume-Longue, et la plaque portant les noms des habitants de Mariaud morts en 1914-1918 y a été installée.