Faisait partie du diocèse de Riez et de la viguerie de Moustiers, aujourd’hui dans le canton de Riez. Le territoire est situé sur le plateau de Valensole au NO de Riez. Les traces d’occupation antique se sont révélées nombreuses mais mal localisées car anciennes (CAG, n° 157, p. 348-350). Le nom de Puimoisson apparaît le 18 mars 1093 lors de la donation faite à l’abbaye de Lérins par Boniface de terres cultes et incultes, arbres fruitiers et autres, in castro et villa que lingua rustica Pogium Muxone nominatur (CL, CCXXVI, p. 230-232). Boniface fait cette donation pour servir de dot à son fils Aldebert qu’il avait offert au monastère. Dans son introduction au tome II du Cartulaire de Lérins, l’auteur recense parmi les possessions de l’abbaye la sixième partie du territoire de Puimoisson (p. CV). Mais Lérins ne possède pas d’église, seulement des terres et des biens. Le castrum est en train de naître et il est associé à l’ancienne appellation villa. Lors de l’enquête de 1252, il est dit que le comte R. Berenger a vendu à l’Hôpital Saint-Jean-de-Jérusalem les produits de l’albergue, des cavalcades et des questes, le comte se réservant toutes les justices (n° 554, p. 256-357). Cette vente a eu lieu le 8 décembre 1231 et est mentionnée par le RACP (n° 153, p. 254). Auparavant, le 20 janvier 1155, l’évêque de Riez confirme ce que son prédécesseur avait fait en donnant l’église et la paroisse de Puimoisson à Jerosolimitano Hospitali, l’église Saint-Michel et de l’Hôpital (GCN I, Inst. XIII, col. 373-374). L’église paroissiale dédiée à saint Michel relève bien des Hospitaliers, c’est ce qui apparaît en 1274 avec le commendator Podii Moisoni (Pouillés, p. 109)1. Elle est selon Atlas de style gothique avec une partie remontant à la fin du XVe siècle (p. 191).

373. Chapelle Saint-Apollinaire

Le père de saint Mayeul, Fouquier, possédait un grand domaine à Valensole et aux alentours. A Puimoisson il détenait in comitatu Regense, villa cum ecclesia sancti Tirsi. Cette église Saint-Thyrse est citée parmi d’autres biens le 3 septembre 909 (CLU I, n° 106, p. 119). Elle réapparaît, cette fois sous le titre de saint Apollinaire 2, à l’occasion du don fait en 1210 par l’évêque de Riez de l’église Saint-Apollinaire à l’abbaye Saint-Thiers de Saou au diocèse de Valence (GCN I, Inst. Riez, XVII, col. 377). A cette date, l’église est déjà sous le titre de saint Apollinaire. Peu de temps après, en 1233, l’abbé de Saou échange l’église avec les Hospitaliers de Puimoisson qui en deviennent propriétaires. Alpes Romanes estime qu’il n’est pas douteux que l’église a été reconstruite après la prise de possession par les Hospitaliers en 1233 3 (p. 57-58). Vendue à la Révolution, elle est transformée en ferme. Restée dans le domaine privée, elle est classée MH en 1976 et restaurée. Le site semble avoir été occupé durant l’Antiquité, une dalle romaine retaillée sert de linteau à une porte (CAG, p. 348). La citation de l’an 909 indique également une villa carolingienne.

374. Chapelle Notre-Dame de Bellevue

Si la chapelle Saint-Apollinaire est située aux confins de la commune non loin de celle de Moustiers, la chapelle Notre-Dame n’est qu’à 1500 mètres au SE du village. L’abbé Féraud, repris par Abbayes et Prieurés (p. 63-64), fait de cette chapelle un prieuré de Lérins construit après la donation faite en 1093 (Souvenirs Religieux, p. 46). Or il n’en pas fait aucune mention par la suite comme dépendant de cette abbaye. Au contraire, elle fait partie du domaine de l’évêque de Riez. C’est ce qui apparaît lors d’une concorde établie entre l’évêque et les Hospitaliers en 1156. Il y avait un désaccord pour savoir qui devait récolter les produits de la dîme attachés à l’ecclesia Sancte Marie de Podio Moissonis. Les Hospitaliers font remarquer qu’ils les ont récoltés en toute quiétude depuis trente années, depuis la légitime donation faite par les prédécesseurs de l’évêque (GCN I, Inst. XIV, col. 374-375). Cette église est, nous l’apprend Bartel, sous le titre de la B. Mariae de Bello visu (p. 60). Elle est citée comme chapelle rurale lors des visites pastorales du XIXe siècle sous le titre Notre-Dame de Beauvezer. C’est à partir du XVIIe siècle que fut construite contre la chapelle une habitation pour abriter un ermite gardien de l’édifice. La population y venait en pèlerinage le 25 mars et le 15 août (PR, n° 23, p. 20-21). Elle est toujours en bon état.

Synthèse

La mention de Saint-Thyrse/Saint-Apollinaire au tout début du Xe siècle avec la mention de villa, ainsi que la villa de Pogium Muxone en 1093 font apparaître au moins deux églises pré castrales. Il en est peut-être de même pour Notre-Dame citée au début du XIIe siècle. Le fait majeur c’est la main-mise par les Hospitaliers sur le territoire puisqu’ils possèdent non seulement la paroisse mais les revenus des deux autres églises. Ils avaient construit dans le village un grand château quadrangulaire équipé de huit tours crénelées qui fut vendu en 1793 à un maçon et totalement démantelé (Collier, p. 244).


1 MAUREL J.M., « Les commandeurs de Puimoisson », Annales des Basses-Alpes, 1898, T. VIII, p. 14-29.

2 POLY J.-P., « La petite Valence. Les avatars domaniaux de la noblesse en Provence », in Saint Mayeul et son temps, Digne, 1997, p. 157 et 176 (n° 87).

3 Provence Romane 2, p. 57-58. Bailly, p. 35-36. Collier, p. 75, 76, 78, 99-100, 460. J. Thirion, « Une construction des Hospitaliers de Provence : Saint-Apollinaire de Puimoisson, Provence Historique, déc. 1956.

  • À propos de l'auteur : Daniel Thiéry