Faisait partie du diocèse et de la viguerie de Sisteron, aujourd’hui dans le canton de Volonne. Petite commune de 1474 hectares, sur la rive droite de la Durance, traversée par la via Domitia. Il est probable d’ailleurs que l’autel dédié au dieu romain Silvain conservé dans l’église soit à sa place originelle et que l’église paroissiale ait remplacé un temple païen. Curieusement, celle-ci est au pied la butte où s’est constitué le castrum au XIIe siècle et n’a pas été transférée sur ce dernier comme ce fut presque toujours le cas.

18. La chapelle/église du Forest

Aubignosc apparaît la première fois en 1040, Albinioscum, puis en tant que castrum vers 1200 (1). L’église paroissiale Saint-Julien est attestée en 1274, ecclesia Sancti Juliani de Albinoscho (Pouillés, p. 117). La chapelle et l’habitat du Forest n’apparaissent pas dans les textes de la fin du Moyen Age (Pouillés, Enquêtes, Liste des castra). L’abbé Féraud avance l’année 1754 comme l’année de sa construction. La titulature à Notre Dame est cependant une indication précieuse, pouvant correspondre à une fondation des XIe-XIIe siècles et peut-être antérieure.

Le premier document la mentionnant date de 1817 : la chapelle de La Foret a été desservie quelque temps par le chef-lieu. La Foret ci-devant annexe de la paroisse d’Aubignosc comprend 30 feux. Elle est à une demi-heure de chemin de l’église paroissiale, les boues que l’on trouve dans cette contrée sont un obstacle réel aux communications (2). Le coutumier de 1835 rapporte, il y a une église ou chapelle à la Forest hameau de la paroisse d’Aubignosc. Elle est en bon état depuis la restauration du culte en France. Le desservant d’Aubignosc y célèbre tous les dimanches et fêtes d’obligations la sainte messe à 8 heures du matin. On y chante les vêpres après la messe. C’est une coutume très ancienne de baptiser les enfants dans l’église de la Forest, d’y célébrer les mariages, y faire les obsèques et autres cérémonies religieuses.

Le hameau du Forest est agrémenté d’une petite cour rectangulaire, au centre de laquelle existait un puits maintenant comblé. La chapelle jouxte la cour au sud, orientée à 100 °. Bâtiment à chevet plat avec clocheton sur le pignon. Intérieur : voûte en berceau sans discontinuité sur toute la longueur, y compris le chœur, sans pilier ni corniche. L’élément le plus ancien est une belle cuve baptismale en pierre du pays. Le cimetière, fermé, côtoie l’église au sud, une porte maintenant bouchée dans l’église permettait d’y accéder directement. A l’est, terrain propice aux cultures, bordé par une ligne de collines dite le Prieuré.

Ces constatations permettent d’envisager une fondation carolingienne avec une cour proprement dite autour de laquelle se groupait les bâtiments d’exploitation de la villa. A côté, l’église, parallèle à un côté de la cour qui est orientée à 100-110 °. Le silence des sources durant la fin du Moyen Age indique que le lieu n’a pas été réoccupé après la période sarrasine. Il a seulement été réinvesti à partir du XVe siècle. Une maison côtoyant la cour et l’église à l’est présente trois ouvertures de type Renaissance. Sur le linteau, date gravée 1620 avec une croix. La porte et deux fenêtres du premier niveau de la façade présente un encadrement avec feuillure, dont les piédroits sont ornés d’un large chanfrein se terminant par un congé. Il pourrait s’agir du prieuré.

Synthèse

La création du village fortifié par Gautier vers 1070 n’a pas entraîné l’élévation d’une nouvelle église. Celle-ci a continué sa vocation paroissiale commencée sans doute depuis le haut Moyen Age dans la continuité d’une occupation antique. Quant au Forest, les indices sont trop minces pour conclure, mais cependant ouvrent une voie.


(1) Donation en 1070 par le comte Bertrand de la part de ce qu’il possède à Aubignosc : de Albinosco, cum omnibus sibi pertinentiis sic volo, et principue dono meam partem, de Castro novo quod Galterius construxit in territorio de Albinosco. Texte cité par Papon 2, in Preuves, VII, p. v-vi.

(2)  Etat des églises en 1817 (ADAHP 2 V 73).

  • À propos de l'auteur : Daniel Thiéry