Faisait partie du diocèse de Gap et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui dans le canton de Sisteron. Terroir montagneux traversé par le Vançon près duquel le village est établi. Cette commune a connu trois communautés distinctes, Briançon qui lui fut uni au XVe siècle et Feissal, commune rattachée en 1936.

19. La communauté de Briançon et le siège de 1393

La première mention date de 1190, avec un personnage nommé Guigo de Brienzo, témoin lors d’une donation faite à Saint-Geniez-de-Dromon (CSV II, n° 982, p. 433). En 1315, la communauté est composée de 42 feux, soit plus de 200 habitants, alors qu’Authon n’en comporte que 24, presque moitié moins. En 1309, Noble Pontius Molleti, prête hommage au roi Robert pour une part de Dromono et de Briansono (1). Le castrum de Briançon va être complètement ruiné et détruit par le feu en 1393. Investi par une bande armée commandée par Rigaut de Montomat le 4 novembre 1392, ce dernier coupe la route au passage du Maupas, rançonne et pille la campagne et va même jusqu’aux portes de Sisteron. Le baillage de Sisteron réussit à réunir une armée avec bombardes, trabucs et balistes qui met le siège de Briançon. Finalement, en février 1393, on préfère transiger en payant 800 florins aux rebelles et à condition d’incendier le château de Brianson et de n’y laisser en sortant que des ruines (2). C’était la fin de la communauté, Briançon et Authon ne réunissant plus que 14 feux en 1471, soit 70 habitants au lieu de 330, la peste ayant poursuivi l’œuvre des bandes armées.

L’église paroissiale de la communauté de Briançon n’est citée dans aucun texte. Elle devait dépendre, comme Authon, d’abord des Templiers, puis des Hospitaliers, ce qui expliquerait ce silence puisque ne relevant pas de l’évêché de Gap. On ne connaît donc pas son titulaire, peut-être saint Michel qui a donné son nom à un quartier limitrophe des fermes actuelles de Briançon et dont la titulature correspond bien aux Templiers.

20. Authon. Procession votive à la chapelle Sainte-Marthe

La communauté d’Authon a appartenu d’abord à l’Ordre du Temple, puis à celui de Malte, dépendant de la commanderie de Claret puis de celle de Gap (2). C’est pourquoi l’église n’est pas citée par les Pouillés du diocèse de Gap et l’on ne connaît pas sa première titulature. La première citation date de 1602 lors d’une visite de l’évêque de Gap (ADHA, G 780). Elle est dédiée à sainte Marie-Madeleine et le presbytère (le chœur) est presque tout par terre. Sise dans le village, au bord du Vançon, elle semble avoir succédé à une église dédiée à sainte Marthe.

En effet, en 1899, l’enquête sur les lieux de culte reconnaît une petite chapelle dédiée à Ste Marthe sur une colline avoisinante ; sans document, écrit ou oral, qui puisse faire connaître l’époque à laquelle remonte sa fondation. Coutume antique, sans décret d’autorisation : le jour de Ste Marthe, procession votive de toute la population avec messe et bénédiction solennelle des enfants de la paroisse.

Aujourd’hui entièrement rebâtie depuis 2007, la chapelle se trouve à 300 mètres au nord du village sur une colline dominant le Vanson et le village d’Authon, à l’aplomb d’un petit plateau. Cette situation géographique est plus favorable et plus salubre que celle du village dans la vallée, sujet à l’humidité et aux inondations. Un grand nombre de villages sis dans les vallées a succédé, non à des villages perchés lors de l’enchâtellement, mais à des sites ayant choisi des petits plateaux situés aux adrets des pentes. Ce fait se révèle durant l’Antiquité et la période carolingienne. On évite les bas-fonds et l’on recherche une bonne exposition. Ce phénomène est particulièrement remarquable dans les vallées étroites, comme on le verra pour d’autres communes.

En 1602 l’église est dédiée à sainte Marie-Madeleine. C’est l’époque où le culte de cette sainte s’est particulièrement développé et de nombreuses églises paroissiales l’ont adopté au détriment du titulaire originel. C’est le cas  par exemple, des paroisses de Valernes et de La Motte-du-Caire. Par contre, le culte de sainte Marthe s’est propagé de la Provence à partir du XIIe siècle, moment où furent découvertes ses reliques présumées. La procession votive à la chapelle Sainte-Marthe est sans doute le reliquat d’une mémoire d’un passé où la communauté se rassemblait dans sa première église.

21. Le prieuré de Saint-Victor à Feissal

Il apparaît lors d’une confirmation en 1113. Déjà existant à cette date, on ne connaît pas sa fondation originelle. Il est encore cité en 1135, 1336 et 1445 (4). La commune ne fut jamais très peuplée, 97 habitants en 1765, 60 en 1851. Le rattachement à Authon en 1936 a résulté d’une quasi désertion de la population. La titulature de l’église varie selon les auteurs, Notre-Dame ou Marie-Madeleine. Aujourd’hui c’est Notre-Dame qui subsiste.

Synthèse

Plus qu’une seule communauté sur les trois qui composaient le territoire. Une a disparu lors des guerres du XIVe siècle, l’autre par désertion des habitants au XXe siècle. C’est à Authon que l’on peut déceler une première église pré castrale, celle représentée par la chapelle Sainte-Marthe. La procession votive témoigne de ce retour aux sources de la communauté. Pour le prieuré de Feissal, on ne peut dire s’il est de la même origine, mais son existence est antérieure à 1113.


(1) Laplane , Histoire de Sisteron, Digne, 1843, I, p. 468.

(2) Idem, p. 213-217.

(3) Atlas, p. 162. Féraud, p. 447-449. Collier, “Les Templiers en Haute-Provence”, Bull. SSL, T. XXXVI, 1960, p. 197-196.

(4) CSV II, n° 848, 844 et 1131. La dernière référence est fournie par E. Baratier, « La fondation et l’étendue du temporel de l’abbaye de Saint-Victor », Provence Historique, 1966, T.  XVI, fasc. 65, p. 427.

  • À propos de l'auteur : Daniel Thiéry