Faisait partie du diocèse et de la viguerie de Sisteron, aujourd’hui dans le canton de Noyers-sur-Jabron. Cette commune sise dans la vallée du Jabron, principalement en rive gauche, couvre 1126 hectares. Elle n’a jamais été très peuplée, maximum de 218 habitants en 1851 et depuis l’abandon du village, l’habitat est dispersé en fermes et petits hameaux.
Les sources médiévales sont succinctes mais révèlent cependant plusieurs lieux de culte. Au XIIe siècle, les églises de Bevons et de Pansier relèvent des deux chapitres cathédraux de Sisteron et de Forcalquier (Atlas, carte 66). Guy Barruol confirme l’existence de l’église et du castrum de Saint-Pansier en 1217 et dont le site va être abandonné au cours du XIIIe siècle (1). En 1274, les Pouillés (p. 120) citent deux églises, celles de Bevons et de Saint-Jean, capellanus castri de Beontio, cappelanus ecclesia juxta Beontium Sancti Johannis. Ce n’est qu’au XIVe siècle que l’on connaît le titulaire de l’église de Bevons, vicarius Sancti Gervasii de Besontio (GCN, I, Inst., col. 473). Parmi ces églises, ne subsistent que l’église paroissiale et une chapelle moderne à La Font.
61. Saint-Pansier, lieu de pèlerinage pour toute la contrée
Achard est le premier à relater en 1788 que la fête de saint Pansier a lieu le jour de la Pentecôte. Le Curé et ses Paroissiens, suivis d’une foule de personnes accourues des lieux circonvoisins, vont en procession sur une colline où il avoit une Croix et où l’on a bâti, depuis 50 ans, une Chapelle. On invoque S. Pansier contre la colique. L’abbé Féraud emploie à peu près les mêmes termes : on honore à Bévons saint Pansier, personnage dont on ne trouve nulle part le nom dans le catalogue des saints, et dont on connaît moins encore la vie. Cette fête a lieu le jour de la Pentecôte. Le curé et ses paroissiens, suivis d’une foule de personnes accourues des lieux circonvoisins, vont en procession sur une colline où l’on a bâti depuis cent ans une chapelle. On y évoque saint Pansier contre la colique ; on croit être préservé de ce mal en se roulant à plat ventre contre un rocher, au sortir de la chapelle (p. 490).
Lors des visites pastorales de la fin du XIXe siècle, la chapelle est sous le vocable de saint Pie, l’autorité ecclésiastique ayant sans doute voulu éliminer un saint inconnu et des pratiques pas très orthodoxes (2). Le 14 juin 1858, on y dit encore une messe dans l’année. Elle est encore citée en 1862, puis le 6 mars 1868 où la chapelle rurale St-Pie est assez dégradée (3). Aujourd’hui, elle est figurée en ruine par les cartes IGN au sommet de la colline entre les cols de la Mairie et de Saint-Pansier.
62. L’église Saint-Jean sur un site antique
Elle est citée en 1274, juxta Beontium, près de Bevons. Elle n’apparaît pas sur les cartes de Cassini (n° 152-153) ni sur les cartes actuelles. La CAG reconnaît qu’elle est en ruine (n° 027, p. 102-103) et qu’autour de la chapelle ont été découverts des débris de tegulae et des tessons de céramique (sigillée) et des substructions auraient été exhumées lors de labours. Selon les auteurs, ce site, placé en bordure d’une voie supposée antique, pourrait être le centre du domaine. Ce qui veut dire que c’est sur l’emplacement de la villa gallo-romaine entourée de son domaine qu’aurait été élevée l’église. Le site se trouverait à 400 m à l’est du château de Castel-Bevons. Cet édifice, en milieu ouvert, près d’une voie importante, sur un site antique, est sans doute d’origine pré-castrale et peut remonter au haut Moyen Age.
Synthèse
L’église Saint-Jean paraît bien relever des premières églises rurales et la création du village perché l’a condamnée, semble-t-il, peu de temps après.
(1) Collectif, La Montagne de Lure, Alpes-de-Lumière, n° 145/146, p. 180.
(2) F. Mistral (TDF, II, p. 472) cite Pansié, nom d’un saint honoré dans le diocèse de Sisteron. Le nom est sans doute un dérivé du provençal panséu, pansel, signifiant panse de porc, estomac. D’où le don du saint pour guérir les maux d’estomac.
(3) Visites de 1858, 1862 et 1868, ADAHP 2 V 89.