Dolmen de Colle Basse 1Saint-Cézaire, il y a plus de 4000 ans. De petites communautés paysannes sont installées sur le territoire et pratiquent agriculture et élevage. Sous l’influence d’un courant spirituel naît quelque part dans le nord ouest de la France, et pour la première fois dans l’histoire humaine, elles bâtissent des monuments constitués de pierres agencées, parfois volumineuses, qui font office de cimetières collectifs pour la communauté et remplissent d’autres fonctions qui nous échappent aujourd’hui. Sépultures collectives et lieux de culte dont les rites associés se sont dissipés dans la nuit des temps laissant place à des histoires de fées, de sorcières, de géants qui subsistent parfois dans les toponymes locaux.
 
James Jackson fin du XIXè s.Au lieu-dit bois d’Amon, non loin du puits dont je vous parlais dans le précédent post, sur un petit promontoire d’où la vue porte jusqu’à la mer, on trouve aujourd’hui les vestiges de deux dolmens. Le premier, est considéré comme le plus grand des Alpes-Martimes, et le second plus petit, est en contrebas. Peut-être édifié lorsque son voisin ne suffisait plus ?
Anciennement pillés, fouillés et refouillés, on sait qu’ils ont abrité au moins les restes d’une vingtaine de personnes, ce qui paraît peu au regard de ceux étudiés plus récemment et mieux préservés comme celui de Roquefort les Pins où furent inhumés pas moins de 172 individus.
Alors oui, il n’y a pas que des dolmens en Bretagne et le plus grand du département, celui de Colle-Basse se trouve à Saint-Cézaire.
La forêt de pins qui se trouvait ici a été emportée par un incendie en 2017. Aujourd’hui, ce monument dégagé reste exposé, fragilisé. Des pierres s’éboulent, des végétaux poussent et risquent de bousculer à terme les petits murets. Des personnes maltraitent le site involontairement ou non, ignorant parfois simplement de quoi il s’agit.

Pour avoir visité des dolmens à l’étranger ou ailleurs en France, on observe parfois des signalétiques, des mesures de protection, une valorisation de ces sites préhistoriques. Ce n’est pas le cas pour les dolmens de notre département.
On a sorti de leur sommeil ces vestiges bâtis par nos ancêtres il a plus de quarante siècles, vidé leur contenu, brisé des dalles de couverture pour les fouiller plus facilement. Je me dis souvent que ces monuments mériteraient un peu d’attention, un peu d’entretien, pour garantir leur pérennité, et pouvoir les transmettre aux générations futures. Ce sont quand même les plus vieux édifices bâtis de main humaine sur notre territoire, ils ont traversé les millénaires et il y a quelque chose d’émouvant à toucher ces pierres en place, à ciel ouvert. S’asseoir au milieu de ces vestiges anciens et imaginer la vie de ceux qui étaient là bien avant nous.

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Le dolmen en cours de fouille / G. Sauzade SRA DRAC